La fin du permis à vie en Europe : une réforme majeure pour la sécurité routière
C’est une petite révolution dans la conduite européenne : le Parlement européen a voté la fin du permis de conduire valable à vie.
D’ici à 2030, tous les États membres devront limiter la durée maximale de validité du permis à 15 ans, pour les voitures comme pour les motos.
Ce changement s’inscrit dans un vaste plan européen visant à renforcer la sécurité routière et à réduire le nombre d’accidents sur les routes, notamment ceux liés à la perte de réflexes ou à des troubles de santé.
Cette réforme, adoptée à une large majorité, marque la fin d’une époque où un conducteur pouvait conserver son permis indéfiniment sans contrôle de ses aptitudes physiques ou mentales.
Le texte du Parlement européen :
"Les permis de conduire seront valables 15 ans pour les motos et les voitures, avec la possibilité pour les États membres de réduire la durée de validité à 10 ans si un permis de conduire est utilisé comme pièce d’identité nationale. Les permis de conduire pour les camions et les autobus auront une durée de validité de cinq ans. De plus, les pays de l’UE peuvent réduire la durée de validité pour les conducteurs âgés de 65 ans ou plus afin de soumettre plus fréquemment leurs titulaires à des visites médicales ou à des cours de remise à niveau.
Avant d’obtenir son premier permis ou lors d’une demande de renouvellement, le conducteur doit se soumettre à une visite médicale, qui comporte notamment des examens ophtalmologiques et cardiovasculaires. Les pays de l'UE peuvent choisir de remplacer la visite médicale pour les conducteurs de voitures ou de motos par des formulaires d'auto-évaluation ou d'autres systèmes d'évaluation conçus au niveau national."
Un renouvellement obligatoire tous les 10 à 15 ans
Selon la directive européenne, les automobilistes devront renouveler leur permis tous les 10 à 15 ans, selon les choix de chaque pays.
Lors de ce renouvellement, ils devront se soumettre soit :
- à un examen médical, comprenant notamment des tests de la vue et du cœur,
- soit à un questionnaire d’autoévaluation portant sur leur état de santé.
Cette réforme ne vise pas seulement les conducteurs âgés : elle concernera tous les titulaires du permis de conduire, quel que soit leur âge.
L’objectif affiché est double : protéger les usagers de la route et assurer une aptitude médicale minimale pour tous les conducteurs européens.
Ce que prévoit la France
La France, qui ne pratiquait jusqu’ici aucun contrôle périodique, devra adapter sa législation d’ici trois ans.
Une proposition de loi déposée en avril 2025 prévoit :
- un examen médical obligatoire tous les 15 ans pour tous les conducteurs,
- et tous les 5 ans dès 70 ans pour les automobilistes seniors.
Ces visites auront pour but de vérifier les capacités physiques, cognitives et sensorielles nécessaires à la conduite : vision, réflexes, vigilance, état cardiovasculaire…
Une proposition de loi n'est pas le texte final et le Parlement européen propose des alternatives qui peuvent nous réserver des surprises alors à suivre...
La mesure fait débat en France. Certains y voient une avancée pour la sécurité, d’autres redoutent une contrainte supplémentaire ou une forme de discrimination envers les plus âgés.
Mais les chiffres sont clairs : les conducteurs seniors sont plus exposés aux pertes de réflexes et aux troubles visuels, tandis que les jeunes de 18 à 24 ans restent la catégorie la plus accidentogène.
Ce que font déjà les autres pays européens
La France fait figure d’exception en Europe. Plus de 14 pays appliquent déjà des visites médicales obligatoires pour leurs conducteurs.
Voici un aperçu des règles existantes :
- 🇵🇹 Portugal : le pays le plus strict. Examen médical dès 40 ans, puis à 50, 65 et 75 ans. Après 75 ans, un contrôle tous les deux ans.
- 🇮🇹 Italie : contrôle tous les 10 ans jusqu’à 50 ans, puis tous les 5 ans jusqu’à 70 ans, tous les 3 ans jusqu’à 80 ans et tous les 2 ans au-delà.
- 🇳🇱 Pays-Bas : examen obligatoire tous les 5 ans à partir de 75 ans.
- 🇩🇰 Danemark : même fréquence, tous les 5 ans dès 70 ans.
- 🇫🇮 Finlande : test médical tous les 5 ans à partir de 70 ans.
- 🇮🇪 Irlande : examen obligatoire dès 70 ans, à renouveler régulièrement.
- 🇬🇷 Grèce et 🇨🇿 République Tchèque : test médical imposé à partir de 65 ans.
- 🇸🇰 Slovaquie : contrôle tous les 5 ans dès 65 ans, puis tous les 2 ans après 70 ans.
- 🇪🇸 Espagne : examen dès 65 ans pour conserver le droit de conduire.
Cette harmonisation européenne va donc mettre fin à une particularité française : celle d’un permis sans limite de durée, sans aucune vérification de l’état de santé du conducteur.
Des contrôles ciblés mais proportionnés
La Commission européenne a choisi une approche équilibrée : elle laisse aux États membres la liberté de définir la forme du contrôle, afin d’éviter une charge excessive pour les citoyens.
Une visite médicale complète pourrait coûter cher et alourdir les démarches administratives.
C’est pourquoi l’UE autorise aussi un questionnaire d’autoévaluation, à remplir en toute responsabilité, portant sur les troubles susceptibles d’altérer la conduite (diabète, épilepsie, maladies cardiaques, apnée du sommeil, troubles psychiatriques ou addictions).
Les États auront également la possibilité d’imposer des cours de remise à niveau ou des tests pratiques pour les conducteurs âgés, en complément des examens médicaux.
Une mesure bien accueillie par les citoyens européens
Selon plusieurs sondages, près de 6 Français sur 10 se disent favorables à une visite médicale obligatoire pour conserver leur permis, et 70 % approuvent un contrôle régulier pour les conducteurs de plus de 70 ans.
Cette adhésion montre une prise de conscience collective : la route exige des réflexes et des aptitudes physiques qu’il est normal de vérifier au fil du temps.
Un pas de plus vers une Europe de la sécurité routière
Avec cette directive, l’Union européenne souhaite atteindre un objectif ambitieux : zéro mort sur les routes d’ici 2050.
La fin du permis de conduire à vie s’inscrit dans cette logique de prévention, en adaptant la législation aux réalités de la santé et du vieillissement de la population.
Pour les conducteurs, cela impliquera un suivi plus régulier mais aussi une garantie de sécurité partagée, dans un cadre harmonisé à l’échelle européenne.